Brian Foo est un data-artist auto-proclamé "Data Driven DJ". Dans nos colonnes, nous avions déjà parlé d'une de ses oeuvres visant à entendre, par un procédé de sonification, les différences de revenu le long de la ligne 2 du métro de la Grosse Pomme.

    Sur la base d'un fichier des Nations Unies sur le déplacements de réfugiés, il a créé une nouvelle oeuvre numérique : une carte animée et musicale(link is external) qui donne autant à voir qu'à entendre le phénomène, sur l'espace de 37 ans, de 1975 à 2012.

    La donnée migratoire, chef d'orchestre de cette data-visualisation, régule la hauteur, l'amplitude, la variété des instruments durant 3 minutes où 4 secondes équivalent à une année. Le volume annuel de migrations est retranscrit par la quantité d'instruments à l'oeuvre, la distance entre le pays de départ et d'asile par la tonalité et la durée de la note, le nombre de pays comptant plus de 1000 réfugiés par la variété des instruments (soit la diversité des timbres).

   

    Ce que l'on observe, c'est que vers les années 90, le phénomène migratoire s'amplifie largement, avec une augmentation de 900 % du nombre de réfugiés. Si l'Asie et l'Afrique sont constamment touchées par les déplacements, l'effondrement de l'Union Soviétique, la chute du Mur de Berlin, amorceront une nouvelle vague de migration dans ces années-là. On observe (et on entend) sur la carte que plus le temps passe, et plus les mouvements deviennent globaux. Si les migrations se faisaient au début de proche en proche, entre pays voisins, elles se font de plus en plus entre pays éloignés, en particulier de l'Asie et l'Afrique vers l'Europe et les États-Unis. Des notes plus longues et plus basses traduisent cette magnitude de mouvement.

     Brian Foo aurait aimé intégrer dans sa partition des évènements tels que des guerres, des élections, des invasions qui auraient présidé à certaines migrations mais il juge que son oeuvre aurait alors été trop complexe tandis que la musique échoue selon lui à sonifier des évènements trop spécifiques. Certes, il peut paraître hasardeux d'habiller de musique un phénomène souvent tragique, mais le data-artist estime que la musique, en provoquant émotions et empathie, permettra de se remémorer les évènements en même temps que ses notes.


                    Source : Washington Post et http://www.geotribu.net